vendredi 3 janvier 2014

ROGAINING: LA NUIT (1ère partie)

Il se passe beaucoup de chose pendant cette période qui sont déterminantes pour espérer un bon résultats.

Les principales difficultés à surmonter sont:
- une visibilité fortement réduite, surtout de loin
- une chute de la capacité de concentration
- une fatigue physique et mentale importante
- apparition de douleurs musculaires
- une lassitude accentuée par l'obscurité
- installation d'un faux rythme de course

UNE VISIBILITÉ FORTEMENT RÉDUITE

Cette partie commence par une période un peu critique, celle de la pénombre. La lumière décline, il fait encore suffisamment clair en zone dégagée mais sombre en sous-bois. Ce qui rend la lecture de carte difficile.
Entraîné par la dynamique de course, il faut faire attention à la transition et ne pas attendre trop longtemps avant de sortir la frontale. Il serait dommage de faire une erreur parce qu'on veut économiser sa lampe.
Pour optimiser l'autonomie de sa frontale, on l'utilise à sa plus faible puissance pendant les déplacements le long des axes de navigation ( chemins, lisière, champs,...) et on n'utilise la forte puissance que lorsqu'il faut trouver des éléments importants de navigation (une intersection peu marquée) ainsi que pour la recherche de la balise dans la zone du poste.
On a tendance à garder l'attitude d'une navigation de jour alors qu'il faut très vite passer à une attitude de nuit : redoubler de concentration et anticiper les difficultés avec l'obscurité comme nouveau paramètre.
Faire attention également à une éventuelle soudaine chute de température. Une petite pause pour le confort n'est pas une perte de temps et peut faire toute la différence sur le mental ainsi que sur la préservation de l'organisme. C'est sans doute le bon moment pour changer de paire de chaussettes.
L'obscurité empêche la vision de loin et il n'est possible de se repérer qu'avec ce qui se trouve à proximité immédiate. Construire son itinéraire en ayant le point d'attaque le plus près possible du poste devient obligatoire On doit pouvoir y revenir facilement en cas de difficulté à trouver la balise. De nuit, aborder un poste par une longue traversée d'une zone sans repère est un suicide technique et une perte de temps assurée si la chance n'est pas de votre côté (et elle l'est rarement dans ce cas).

terrain découvert dans les Black Hills SD
Cette photo illustre les problèmes qu'engendre l'obscurité.
-Les flèches noires montrent deux talwegs qui se ressemblent énormément. Même si le coude au bout de la flèche rouge est un bon point d'attaque, il est facile de les confondre de nuit et perdre du temps à chercher là où il ne faut pas. De jour, on ne se pose même pas la question, on vise de loin.
-Si on parcourt de jour, l'itinéraire noté en bleu, on va s'appuyer sur les cornes de bois indiquées par les flèches violettes qui assurent une navigation parfaite. De nuit, seule la boussole permet de pouvoir garder le cap. Cependant, et surtout si quelques obstacles viennent compliquer la chose, on a autant plus de risque de dévier que l'itinéraire est long. On peut ainsi se retrouver dans un compartiment parallèle. De plus, si par chance, on distingue une corne de forêt, rien ne peut confirmer qu'il s'agit de celle qu'on viserait, car la triangulation est impossible. Même sans être perdu, notre position est aléatoire et on peut perdre beaucoup de temps à trouver une balise alors qu'un élément éloigné permettrait de nous y mener plus précisément.
La situation peut énormément se compliquer si après avoir fait un décalage, on se retrouve dans le mauvais compartiment de terrain. La seule chance de se recaler est, soit d'émettre une hypothèse sur sa position et tenter sa chance, soit d'assurer le coup et devoir parcourir une grande distance pour aller se recaler à un élément connu que l'on ne peut pas confondre.
Pour illustrer ceci, regardez les itinéraires jaunes...vous coupez une succession de petits talwegs, vous arrivez à une lisière pour arriver sur un col (vert) , sur lequel peut se trouver une balise de contrôle. De nuit, rien ne pourra confirmer si vous êtes sur l'un ou l'autre des itinéraires. Alors que de jour, c'est évident...

C'est pour cette raisons que le secteur à aborder de nuit doit être riche en éléments d'appuis. Les zones où le relief est important s'y prêtent bien parce que les lignes de crête ou les talwegs font de bonnes mains courantes mais aussi parce que c'est à cette période que la vitesse de course se réduit fortement. Le rendement reste intéressant dans les côtes puisque de jours, comme de nuit, elles se franchissent généralement en marchant.
Les zones où les chemins sont nombreux et bien marqués rendent la navigation de nuit plus facile. Il faut néanmoins faire attention qu'il n'y ait pas de risque de les confondre. Un coude de chemin ressemble à un coude de chemin. Mais un coude qui monte n'est pas un coude plat. Il est donc important qu'il existe un autre type d'élément pour confirmer ces points d’appui (ou d'attaque)
Dans tous les cas, il faut rester attentif à ne pas faire d'erreur de parallèle ou de confusion car la relocalisation peut être très compliquée et la perte de temps très importante.
WRC2010 en Nouvelle Zélande- carte au 1/40000- équ: 20m 
Une zone dense en éléments similaires peut devenir un vrai labyrinthe.
On est en grande difficulté pour se recaler si par malheur on rompt le contact même un bref instant entre la carte et le terrain. La perte de temps peut devenir énorme à laquelle s'ajoute celle de la fatigue liée au surplus d'effort.
Même si le terrain parait simple comme de belles collines avec de beaux talwegs pour se repérer, le piège n'est jamais loin: En Nouvelle Zélande, nous n'avons jamais trouvé la balise 53 ni la 43. Nous avons perdu 2h pour rien parce que tous les talwegs se ressemblaient (flèches roses) et rien d'autre ne pouvait nous recaler. Une pluie mêlée à du grésil nous fouettait le visage, nous étions encore dans la tenue légère du départ et trempés, la carte de William était abîmée à cet endroit, je navigue seul, nous avions eu du mal à trouver la 61 et les petits rentrants n'étaient pas dessinés...La combinaison explosive parfaite. De plus, avec la dénivelée importante, je vous laisse imaginer la perte d'énergie à force de monter et redescendre.
Cet épisode a ébranlé notre mental et a eu un impact fort sur la suite...il résume à lui seul les conditions extrême que l'on peut rencontrer de nuit. Il n'est pas possible de tout éviter mais il vaut mieux éviter d'accumuler les difficultés en les anticipant.

A SUIVRE.... (suite déjà dans les cartons)



1 commentaire:

  1. Chapeau bas partenaire.
    Avec un tel niveau de preparation, nous mettons toutes les chances de notre cote.

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