Au retour des Championnats du Monde de Rogaining qui ont eu lieu cet été en République Tchèque, la décision de participer au Championnat d'Europe en Espagne a été comme une évidence. Plusieurs mois d'une sérieuse préparation technique et physique ont suivi. Et comme il n'y a que ceux qui y croit qui réussissent, je croyais fortement à mes chances de podium.
Hélas pour la Garde, Pierre n'a pas pu remettre le couvert et c'est avec un ex-gendarme (reconverti dans la police municipale) et un de mes coéquipiers historiques Stéphane Dumortier que je suis allé chercher la seconde place de ce Championnat d'Europe.
L'expérience est un atout majeur dans ce genre de sport et pour ne rien laisser au hasard, j'ai analysé mes anciennes courses, corrigé mes défauts, affirmé mes qualités, organisé minutieusement le séjour, en tenant compte du vécu sur les autres courses. Stéphane étant un remplaçant de "dernière minute", je ne lui demandais qu'une chose: tenir les 24h. Il a été impeccable, prenant le relais quand je sentais une faiblesse me tomber dessus, et se forçant à tenir un rythme que j'imposais même s'il souffrait.
Cette édition a été particulièrement difficile à cause d'un terrain très vallonné et une végétation extrêmement agressive et dense, poussant à faire des détours importants.
Il fallait trouver le maximum de balises sur un total de 63. Nous avons tenté de ramasser la totalité. Avec une distance topographique de 90km, cela nous paraissait plausible. La réalité du terrain nous a rattrapé mais l'objectif était presque atteint: 61 balises rejointes dont 1 que nous n'avons pas trouvée sur la fin. La distance réelle parcourue avoisine les 110km pour une distance topo de 80km. Nous avons réalisé 349 points sur les 363 points possibles. Nous laissons une balise à 7 points, une de 4 points trop excentrée et ne trouvons pas une balise à 3 points.
La particularité de ce genre d'épreuve, c'est que nous ne pouvons pas savoir à quelle place nous nous situons. Les combinaisons sont nombreuses. Nous nous battons avant tout avec nous même. C'est un combat mental, où il faut sans cesse se relancer pour ne pas prendre un faux rythme de croisière, ignorer les petits bobos et autres douleurs qui s'additionnent au fur et à mesure que l'heure tourne, tout en restant concentré et lucide pour orienter proprement. Si on parvient à faire tout cela, on sait qu'on tient quelque chose. C'est le sentiment qui nous animait, Steph et moi, alors que nous nous approchions de la ligne d'arrivée. Et lorsque est venu l'heure de payer les musiciens, c'est avec joie, satisfaction et sans surprise que nous apprenons notre classement.
Ce sport est une école: il forme la rusticité, la cohésion, la rigueur, la ténacité, le mental, l'humilité, l'intelligence, la sagesse... J'aurais une anecdote pour chacune de ces qualités.
Pour conclure, et ça vaut pour tout dans la vie: A force de travail, on arrive à un résultat, et si on y met du coeur, de l'ambition et des qualités humaines, rien n'est vraiment impossible....
